Un rêve de gosse au WRC : Cap sur Las Palmas !

Pour ses 50 ans, Yannick Micheloud (copilote) et les 55 ans de son compagnon et pilote Xavier Craviolini, ils ont concrétisé leur rêve : participer au Rally Islas Canarias, une manche du championnat du monde WRC en avril dernier à Las Palmas. Mais avant de prendre la route, c’est un parcours administratif semé d’obstacles – et de coups de fil – qui a failli les freiner. Grâce à l’aide précieuse de leur ami Pietro Ravasi, ils ont finalement pu s’envoler… et briller !

Un projet fou… stoppé net par l’administration ?

L’ambition de s’inscrire sur une épreuve du WRC semblait irréalisable. En Suisse, licences distinctes existent pour pilote et copilote – mais pour participer au championnat du monde, les deux membres doivent détenir une licence pilote depuis janvier 2025. Problème : Auto Sport Suisse ne proposait pas cette option.

Malgré les mails, appels et démarches en tout genre, Xavier et Yannick voyaient leur rêve s’effriter… jusqu’à l’intervention salvatrice de Pietro Ravasi, qui les a guidés à chaque étape. Sans son aide, ils n’auraient jamais pu embarquer. Et, finalement, grâce à cette chaîne humaine, l’équipage s’est envolé à l’heure pour Las Palmas.

Du Valais à Las Palmas : l’aventure en marche

Arrivés sur place, aux commandes de leur Peugeot 208 Rally4 en classe RC4, ils ont affronté les routes techniques du Rally Islas Canarias – 301 kilomètres d’épreuves spéciales en bitume exigeant entre ravines, virages serrés, et pneumatiques soumis à rude épreuve.

Un résultat encourageant pour l’équipage valaisan, qui, malgré le challenge, franchissent la ligne d’arrivée à la 48ᵉ place au classement général, et 5ᵉ de leur catégorie, en 3 h 37 min 06 s. Un exploit « d’amateurs passionnés » qui leur a valu un retour en Suisse plein de fierté et d’émotion.

Swiss Rally Codrivers est parti à la rencontre de ces amoureux à la vie, comme du rallye…

Trois questions à Yannick :

Ce parcours administratif intense, ça doit marquer : comment l’as-tu vécu ?
Je suis passée par toutes les émotions : l’incompréhension, l’injustice, le stress, l’espoir, les larmes, l’angoisse… et au final, la réjouissance, l’adrénaline et le plaisir !

Quel est ton meilleur fou rire ou moment insolite de cette aventure à Las Palmas ?
Il y en a tellement eu. Tout ce rallye est un moment suspendu dans nos vies. Tout est un autre monde.
C’est lorsque tu participes à ce genre de course que tu te rends compte qu’on est tout petit, de simples amateurs.

On a bien rigolé le premier soir en rentrant au parc fermé avec notre petite Peugeot Rally4. On a remonté toutes les voitures du parc fermé, une par une, et là… tu ne vois que quelques Rally4. Le reste ? Des Rally2 et Rally1 avec tous les noms de stars : Solberg-Edmonson, Ogier-Landais, Evans-Martin, les frères Rossel… En fait, tout le plateau sauf nous et les cinq autres « derniers » de cette liste d’engagés.

C’est là que Xavier a filmé en disant, l’air songeur : « Mmmmmmhhh… laquelle je vais bien pouvoir choisir ? »

Est-ce que tu as eu un moment d’émotion pure, un instant où tout s’est arrêté dans ta tête ?
Il y en a eu tellement…
Mais le plus impressionnant a été notre retour au parc d’assistance après la super spéciale au stade de Gran Canaria. Il y avait tellement de monde (15’000 spectateurs annoncés) qu’il nous était impossible d’avancer.

Un commissaire, muni de son sifflet, courait devant notre voiture pour nous ouvrir la route. Une véritable marée humaine s’ouvrait devant nous à chaque coup de sifflet… On était ébahis de vivre ça.
À tel point que j’ai complètement oublié de filmer ce moment extraordinaire !

Trois questions à Xavier :

Si tu devais résumer le Rallye des Canaries en trois mots, ce serait… ?
Grandiose, irréel et inoubliable.

Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en roulant à l’international, par rapport aux rallyes suisses ?
Tout ce qui touche à la réglementation, les normes FIA… mais aussi les amendes très salées si tu enfreins le moindre petit point du règlement.

Il y a également des formations en e-learning obligatoires, avec un taux de réussite de 100 % exigé. Sans ça, tu n’as pas les attestations pour prendre le départ ! C’est donc un poil stressant…

Et puis, la présentation des pilotes en ville, l’interview en direct à la télé (et en anglais !) avec Molly, la speakerine officielle du WRC, la veille du rallye… devant une foule incroyable, qui nous a accueillis comme si on était des “stars”.
On voit tout de suite que c’est un autre monde par rapport au Championnat suisse.
Et que dire de l’engouement et de la passion des spectateurs ? Incroyable.

La spéciale la plus “chaude” du rallye, tu nous la décris comme si on y était ?
Sans conteste, la plus « chaude » fut la première spéciale : plus de 20 km, très piégeuse, surtout les premiers kilomètres.
Une partie hyper étroite, bosselée, rapide… et du brouillard, pour corser le tout.

Tu te retrouves là, sous l’arche de départ, entouré des sponsors du WRC. Tu ne sais même plus comment tu t’appelles !
C’était irréel de se retrouver sous cette arche que je vois d’habitude à la télé.

Juste avant le départ, je dis à Yannick :

“On fait pas les cons dans la première, le rallye sera long. On a le temps de prendre nos marques. Le but, c’est d’être à l’arrivée.”

Mai dans la zone de préchauffage des pneus, les spectateurs hurlent, t’encouragent… Tu es porté par la foule, mais aussi tétanisé par l’événement. Alors tu pars à fond, tu donnes tout, tu veux faire plaisir à ce public !

Et à peine 3 km plus loin, on tape violemment une bordure avec la roue avant droite…
On a eu très peur d’avoir crevé ou pire, endommagé le train avant.
Heureusement, on s’en sort avec seulement une crevaison lente et une jante abîmée. On a pu changer la roue après la spéciale.

Disons que ça nous a bien calmés… et tout s’est bien passé pour la suite !